L’objectif de ce cours est la création par la classe d’un bestiaire de créatures chimériques. Un cours qui invite les groupes d’élèves à développer et explorer leur imagination en étudiant, puis en créant, chacun une créature imaginaire présentée sur le mode encyclopédique.

Étape 1 : Qu’est-ce qu’une créature chimérique ? (20-25 min)

Aux origines

D’abord, de quoi parle-t-on ? Voici la définition du dictionnaire Larousse pour une chimère :

1. Animal fabuleux ayant la tête et le poitrail d’un lion, le ventre d’une chèvre et la queue d’un serpent.

2. Être ou objet bizarre composé de parties disparates, formant un ensemble sans unité.

On l’aura compris, la chimère est une créature hybride, fantastique et plutôt malfaisante issue de la mythologie grecque. « Symbole d’une survivance de la barbarie, du chaos et de la violence de l’âge des Titans dans le monde d’ordre et de lois instauré et maintenu par les dieux, elle se place dans la catégorie des monstres issus de la Terre (Gaïa, mère des Titans), et renvoie à cet élément par opposition au ciel, domaine des olympiens » (extrait de : Les Chimères au cours de l’histoire des arts).

Le nom de « chimère » a ensuite été donné à des bêtes légendaires qui n’ont de commun avec l’animal de la mythologie que leur caractère composite bizarre.

Évolution au cours des âges

La culture grecque n’est pas la seule à avoir proposé à l’imaginaire des créatures hybrides et légendaires, elles sont caractéristiques de toutes les civilisations et de toutes les époques. Celles issues de légendes européennes vous sont sans doute les plus familières, mais la manifestation de figures chimériques a traversé les âges et a toujours beaucoup inspiré les hommes.

En voici modestement quelques exemples :

Au Moyen Âge, en Occident, dans le monde chrétien, les chimères sont des monstres inspirés des récits de l’Enfer et de l’Apocalypse. Les chimères bibliques sont terrifiantes et se composent de combinaisons abominables qui illustrent manuscrits enluminés et décors d’églises romanes puis gothiques. Une « peinture de diablerie », pour effrayer et éduquer le commun des mortels tentés par un quelconque paganisme, contre lequel la chrétienté victorieuse ne cesse de mener le combat. Doublement incarnée par la victoire de Saint Michel et celle de Saint Georges sur leur dragon respectif, monstres ailés, combinant des caractéristiques biologiques de diverses espèces (avec toujours une composante reptilienne).

Yôkai ou Nue est une créature mythologique japonaise qui prend la forme d’une chimère japonaise annonçant la malchance ou la maladie. Il a une tête de singe, un corps de tanuki ou chien viverrin, une queue de serpent, et les membres (bras/jambes) d’un tigre. Il peut se transformer en nuage noir et voler.

À la fin du XVIe siècle, le mot « chimère » devient un nom commun, défini par le dictionnaire Littré comme « une imagination vaine, que l’on a tendance à considérer comme la réalité ». Chimère est désormais associée à l’univers du rêve et de l’insensé… Avec le temps les créatures hybrides ont peut-être revêtu une connotation moins malfaisante. Si elles n’en demeurent pas moins redoutables ou dangereuses, elles peuvent manifester davantage de bienveillance envers l’espèce humaine.

Les alebrijes sont des sculptures d’art folklorique mexicain que vous ne retrouverez nulle part ailleurs dans le monde. Chaque pièce est unique et sort directement de l’imaginaire de son créateur. Les formes, les couleurs et les motifs, chaque détails est créé et parfois même rêvé par celui qui le fabrique. Imitant souvent un ou plusieurs animaux, l’Alebrije revêt des formes fantastiques et est toujours très coloré. Fabriqué en papier mâché ou en bois, son élaboration dure plusieurs mois. Les premiers alebrijes, ainsi que l’utilisation du terme, sont créés par Pedro Linares. Dans les années 1930, Linares est tombé très malade et alors qu’il est au lit, inconscient, il rêve d’un endroit étrange ressemblant à une forêt. Là, il voit des arbres, des animaux, des rochers, des nuages qui se transforment soudain en quelque chose d’étrange, une sorte d’animal, mais inconnu. Il voit un âne aux ailes de papillon, un coq aux cornes de taureau, un lion à tête d’aigle, et tous criaient un mot, « Alebrijes ». Une fois rétabli, il commence à recréer les créatures qu’il voyait, en carton et en papier mâché et les a appelées alebrijes. En 2017, le film d’animation de Disney Pixar, Coco, les présente comme des guides pour les âmes.

Au XXe s., les chimères, malfaisantes ou bienveillantes, trouvent toute leur place dans l’univers créatif heroïc fantasy, un genre nourri de civilisations antiques et médiévales. Ces aventures, à l’instar du Seigneur des Anneaux de J. R. R. Tolkien, se déroulent généralement dans une époque lointaine voire mythique où le héros se trouve confronté à des éléments surnaturels comme des objets magiques, ou encore à des créatures légendaires comme des dragons et des magiciens. Un univers très largement emprunté depuis dans les jeux vidéos du même thème à l’exemple de Final Fantasy, sans compter les désormais très célèbres Pokémon.

Les ouvrages de J. K. Rowling, que ce soit la saga Harry Potter ou Les animaux fantastiques, sont issus de la fantasy jeunesse et traversent cet univers imaginaire, avec des créatures emblématiques telles Touffu, chien géant à trois têtes inspiré de Cerbère, dans Harry Potter à l’école des sorciers ; le Basilic d’Harry Potter et la chambre des secrets ; ou Buck, l’hippogriffe (mi-cheval, mi-aigle géant) dans Harry Potter et le prisonnier d’Azkaban ; ou enfin les Sombrals, chevaux amaigris aux ailes de chauve-souris et têtes de dragon. (Fiche ici) dans Harry Potter et l’ordre du Phénix. Et tant d’autres (voir liens en sources) au point qu’un cours spécifique est délivré aux jeunes sorciers de l’école de magie en troisième année, par le personnage d’Hagrid.

Vous êtes prêts à vérifier votre compréhension et connaissance. Faites le test et communiquez le résultat à votre professeur.

Sources :

Étape 2 : Imaginer votre hybridation animale fantastique (30-35 min).

Dans votre banque d’applications, téléchargez l’application nommée Fabricabrac, conçue par la Bibliothèque Nationale de France (BNF) à partir de sa banque d’images, afin de vous initier à ces bestiaux mélanges.

Si cette application est très plaisante, elle se cantonne cependant à quelques modèles et ne permet pas de montages affinés comme ajouter des oreilles à une tête de poisson. Vous pourrez donc créer ou peaufiner votre créature avec votre tablette sur Pages (voir fiche méthode) mais comptez un peu plus de temps.

Sources :

Application Fabricabrac de la BNF

Étape 3 : Rédiger une page encyclopédique de votre création (50 min).

Une fois l’apparence de votre créature donnée, il vous faudra rédiger, en groupe, la page encyclopédique sur votre créature qui n’existe pas et dont il faudra rendre crédible l’existence par un style scientifique.

Que devra-t-il y figurer ? Vous développerez les intertitres suivants voici quelques pistes non exhaustives, car soumises à votre choix de créature.

Désignation : Son nom, son espèce peut-être (?) dénomination scientifique (en latin ou autre langue disparue), surnom (?), espèce disparue ou nom, source : légendaire, mythologique, fantastique (?)

Description : Les différents éléments la constituant détaillés, taille, déplacement/vitesse, cri, odeur, poids (?), etc…

Géographie et milieu : Localisation, climat préféré, mode de vie/habitat, sociabilité (exemple individu isolé ou en meute), alimentation, cycle de vie (reproduction/naissance/apparition), etc…

Caractéristiques/particularités : Pouvoirs/actions, mode d’attaque ou de défense, rapport à l’humain, nuisances, façon de la neutraliser, cycle de vie ( par période, par saison (?)),transformations ou mutations, que sais-je encore ?

Histoire et légende : Origine (parents ?), naissance de la créature (malédiction, enchantement, métamorphose (due à quoi un dieu, un accident, la nature ?). Où et quand a-t-elle été vue pour la première fois, un extrait ou résumé de légende que vous pourriez lui inventer de type mythologique. Dernière apparition ou récit rapide de son anéantissement si disparue.

Etape 4 : Mettre en forme la page du grimoire (40 min).

L’objectif est de compiler dans le grimoire l’ensemble des productions afin de réaliser un Bestiaire de créatures fantastiques.

Votre production devra tenir sur une double page de format A3 chacune (face à face et non recto verso). Prévoyez une mise en page classique ou originale (voir méthode).

Bonus

https://projet-grimoire.hgefacile.com/cours-de-soins-aux-creatures-magiques